En triant des papiers de famille, René G., originaire de Luchon (Haute-Garonne) a retrouvé ces photos.
Quelles tristes images de l'ours des Pyrénées que l'on n'observe souvent que captif ou mort.
On imagine facilement la peur de ces animaux, attachés, privés de leur mère, près du feu et des hommes ... L'un deux mourra d'ailleurs très vite : photo prise dans la cuisine de l'Hospice.
Ces deux oursons ont une histoire, relatée dans le quotidien " La Dépêche du Midi" du 27 mai 1952, article que m'a récemment fait parvenir Philippe Ch.
Capture de deux oursons près de Luchon
Des touristes en promenade non loin de l’Hospice de France, au début de cet après-midi, ont aperçu deux oursons. Craignant que la mère ourse soit dans les parages, ils prirent rapidement la direction de l’Hospice de France et avisèrent le gérant de l’Hospice, le réputé guide Odon HAURILLON.
Celui-ci, avec quelques amis et des C.R.S. en patrouille dans la région, organisa immédiatement une battue. Sans difficulté on retrouva les oursons. L’un se laissa capturer sans difficulté, le second grimpa un arbre et ne tarda pas à être pris à son tour. Les deux oursons qui paraissaient âgés de un mois et demi ont été ramenés à l’Hospice où on leur offrit en guise de bienvenue un biberon de lait.
Est-ce un des deux oursons qui figure sur ce cliché ? Sans doute...
Deux oursons si jeunes seuls dans la montagne, mais où était leur mère ? Tuée peut-être dans une battue... Serait-ce elle qui, comme le voulait la coutume est exhibée dans les rues de Luchon ?
Dans son excellent livre "Histoire de l'ours dans les Pyrénées", Olivier de Marliave - Editions Sud ouest) aborde plusieurs fois cette tradition de la présentation du trophée (voir la photo de couverture).
Une cause, parmi d'autres - battues, empoisonnements, chasse - du lent déclin de l'ours dans les montagnes pyrénéennes...
Quelques informations complémentaires reçues de Philippe Ch. que je remercie :
L’un des oursons capturés le 26 mai 1952 et l’ourson capturé le 28 juin 1952 par M. Chabot ont été naturalisés et sont présents au Musée du Pays de Luchon.
Le second ourson capturé en mai, une femelle, a vécu quelque temps.
Extraits :
- page 33, de l’ouvrage de Stéphan Carbonnaux "Le cercle rouge - Voyages naturalistes de Robert Hainard dans les Pyrénées" : « À l’Hospice, une attraction toute pyrénéenne est présentée au public par la famille Haurillon, maîtresse des lieux. Un ourson ! C’est une femelle âgée de six à sept mois qui, avec son frère, a été capturée dans les environs le 26 mai. La bête, attachée comme un chien de ferme, s’ennuie derrière une construction légère de bois rehaussée de barbelés. Elle a creusé maints trous dans la terre caillouteuse, se dresse puis se cache malheureuse à en mourir. »,
- page 158, de la biographie de Stéphan Carbonnaux " Robert Hainard, chasseur au crayon" « Deux bredouilles dans les Pyrénées », « ... il explore la vallée de la Pique, au-dessus de Luchon, pendant la dernière semaine de septembre 1952. Les deux amis, qui espéraient un ours ou un gypaète, se sont contentés d’aigles royaux, de crottes du plantigrade et, devant l'Hospice de France, d'une oursonne attachée comme un chien de ferme dans un enclos construit de bric et de broc. »
2 commentaires:
Bonsoir Françoise,
... Une bien triste affaire. Cela fait mal.
... Le maillon faible de la chaîne c'est bien l'homme.
Mais quand l'homme cessera-t-il de se croire supérieur aux autres êtres vivants ?
pili
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